Littérature

"Il faut beaucoup aimer les gens", un échange avec Solène Bakowski

Publié le 30 septembre 2023

16 septembre 2023, à la fête de l’humanité, dans le village du livre.

Je découvre Solène Bakowski au travers de son livre : un livre de poche, coloré, avec de nombreux êtres humains, liés les uns aux autres par un petit fil mystérieux. Les couvertures parlent souvent beaucoup, cette dernière m’intrigue; je le prends dans mes mains, je le feuillette rapidement puis lis le résumé : 

“A quoi tient la vie ? A nos liens invisibles. Nous, inconnus, sommes raccordés sans le savoir.  Nos existences se percutent en silence. 

Eddy, onze ans, découvre une SDF morte dans la rue. Piqué par la curiosité, il fourre dans sa poche un Photomaton qui traînait près d’elle, où deux visages sourient. 

Vingt ans plus tard, alors qu’il vide l’appartement de son enfance, Eddy retombe sur cette photo volée. Pour rendre à son inconnu l’histoire qu’il lui a confisquée, il se lance dans une enquête, à la recherche de ceux qui l’ont aimée.”

Un roman contemporain qui nous transporte radicalement, en emportant nos cœurs dès les premiers mots. Durant la lecture d'“il faut beaucoup aimer les gens”, une question apparaît : que reste-t-il de nous, après la mort ? Plus encore, comment parle-t-on des victimes, celles que personne ne voit jamais ? 

C’est au travers de ces thématiques majeures que nous évoluons, en même temps qu’Eddy se répare, se confronte aux autres, et parvient de plus en plus à s’exprimer et à écouter ce que l’autre a à lui raconter. Dans ce livre, il est question de ça, de confidences entre des gens qui ne se connaissent pas, de tendre l’oreille et d’écouter, de ce qui nous lie les uns aux autres, et de la force de ces rencontres.


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Mercredi 27 septembre 2023, une semaine plus tard, j’appelle Solène à 14 heures, pour la rencontrer et pouvoir discuter davantage de ce livre dont la lecture actuelle m’émerveille. Ce livre me touche, Solène aussi. 

Bienvenue à vous, lecteurs, dans cet échange intime, dont on vous confie ces paroles : 

Je découvre alors au fil de notre discussion comment sa relation avec l’écriture est née : 

“J’ai toujours beaucoup lu et écrit, je me souviens qu’à 6 ans je tenais un cahier de poésie, et à 7 ans j’écrivais des pièces de théâtre que je faisais jouer à mes amies. Adolescente, je suis devenue plus pudique, j’écrivais pour moi, dans des journaux intimes, je veillais toujours à en prendre soin. Pour autant j’ai toujours su que j’écrirais, je ne m’en donnais à l’époque pas forcément les moyens, mais je le savais” 

Ton premier livre est sorti il y a plus de 10 ans, qu’est-ce qui a changé pour toi depuis concrètement ? 

“Avant je n’avais pas d'attente, j’écrivais, mais cela relevait du fantasme. Ça me fait plaisir d’y penser, finalement j’ai rêvé un monde dans lequel je suis en train de vivre” “Je passais par l’auto- édition numérique, maintenant mes livres sont attendus, je suis publiée.”

Et concernant tes pratiques d'écriture, as-tu instauré des séances ? 

“J’ai besoin de discipline, chaque matin je me consacre à mon livre en cours, 3 ou 4 heures, en moyenne. J’aime quand une séance sort de l’ordinaire, à ce moment-là c'est l’extase !” “J’écris au fil de l’eau, en même temps que j’écris je cherche constamment de nouvelles idées.

En réalité j'y pense tout le temps, on n'imagine pas en le lisant, car l'alternation des chapitres et des personnages est fluide, mais j’ai dû y réfléchir des nuits entières pour savoir comment l’assembler ! Il ne me quitte jamais vraiment"

Il y a un peu de toi dans ce livre ?

"Il y a de moi partout, dans chacun des personnages, même les pires !

J’aime parler avec des gens du quotidien, je remarque qu’ils se confient rapidement à moi et ça m’émeut. Ce livre parle un peu de ça d’ailleurs. Alors oui en quelque sorte ces personnages ont un peu de moi en eux. 

“Un jour j’ai écouté L’anti-enquête de Julien Cernobori, un journaliste. En écoutant, je me suis rendu compte qu’on ne parle que très rarement des victimes. Eddy est inspiré de lui, sans aucun doute. Je conseille à vos lecteurs d’écouter l’un de ses podcasts, avant ou après avoir lu le livre, peu importe, les points communs se trouveront rapidement !”

Dans ce livre, tu abordes de nombreux sujets sensibles, comment parviens-tu quand même à rendre ce roman léger ? 

“Je veux parler de tous les sujets mais je dois les tendres vers la lumière. C’est la seule contrainte que je m’impose : toujours aller vers la lumière.”

“Je veux que ce soit un voyage aux lecteurs qui apaise le coeur” 

“J’ai confiance en l’avenir, et en cette petite étincelle de vie” 

 

On a adoré lire “Il faut beaucoup aimer les gens. Et vous ? On attend vos retours ! 

Merci à toi Solène, pour cet éclat de vie et ce beau moment de partage. 

Voici le podcast qu'on vous conseille d'écouter : https://podtail.com/fr/podcast/cerno/

 

Par Andrea Mary

Dernière modification le 01/10/2023 à 11h57

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