Culture

Rencontre avec Charlie et Emma du duo Mayfly : "On a envie que Mayfly devienne une entité"

Publié le 19 octobre 2023

Nous sommes partis à la rencontre du duo Mayfly composé des chanteuses québécoises, Charlie et Emma. Elles ont joué aux Trois Baudets à Paris mercredi dernier à l’occasion du MaMa Convention & Musique. L’occasion de présenter leur gros projet Hideaway sorti au complet fin septembre. 

Charlie : Moi, c’est Charlie. J’ai 23 ans et je suis auteure, compositrice, interprète et productrice. 

Emma : Moi, c’est Emma. J’ai 23 ans aussi. Je suis auteure, compositrice, interprète, mais je ne fais pas de la production, ça c'est le rôle de Charlie. 

Charlie : On a commencé au Cégep de Lennoxville en 2017, là où on s’est rencontrés. C’était un programme qui mélangeait tout plein de sortes d’art, notamment la musique. C’est à travers l'un de ces cours de musique qu’on a décidé de combiner nos forces. On a commencé à chanter ensemble de manière très random. Puis, on a décidé de faire des reprises de chansons sur Youtube. Et au fil du temps, durant la deuxième année de collège, on s’est dit qu'on allait le faire plus sérieusement. On a vraiment trouvé une passion dans cela. On a changé le nom en Mayfly et on a commencé nos premières compositions originales. Et à la fin du collège, on s’est dit qu’on allait déménager à Montréal et voir où cela nous mènerait.

Emma : Mayfly, c’est une éphémère. À la base, c’est une petite libellule qui vit seulement 24 heures. Et il y a derrière une grosse signification spirituelle, comme le temps est compté. Donc il faut vivre de ses passions, de ce que l’on aime. C’est pas mal ce qu’on associe à ce projet là pour nous, de le faire aussi longtemps que l’on peut. 

Emma et Charlie : On l’adore !

Emma : Surtout le public parisien. On ne dit pas cela pour être gentilles mais c’est vraiment une belle expérience.

Charlie : On a eu la chance de jouer au Pop-Up du Label à Paris en mars et cela nous a donné la validation qu’on recherchait. Réaliser que même les gens d’un autre continent peuvent ressentir, comprendre ce qu’on essaie de traduire avec notre musique sur scène. 

Emma : Les gens étaient très réceptifs. Les quelques fois qu’on a joué au Québec, les gens parlaient dans les spectacles. Tandis qu’ici les gens sont super attentifs. 

Charlie : C’est différent… Mais notre spectacle à Montréal la semaine dernière, c’est super bien passé parce que l’audience était là pour nous voir. C’était le lancement de tout Hideaway et ça s’est passé de manière incroyable !

Charlie : Cela fait longtemps qu’on en entend parler comme un des meilleurs festivals en France. Notre maison de disques à Montréal y participe chaque année. Et quand on a été invité pour la programmation officielle, ce fut une énorme fierté pour eux et aussi pour nous évidemment. C’est tellement un coup de cœur pour nous, Paris et revenir dans ce contexte là quand c’est une aussi grosse convention, c’est incroyable !

Emma : Je pense que cela va être chouette. Nous, il faut comme condition spéciale à la salle pour nos shows, que les gens embarquent vraiment dans notre univers. Et Les Trois Baudets ressemblent vraiment à une petite bulle. J’ai l’impression que les gens vont entrer et la musique va vraiment parler par elle-même. 

Charlie : Hideaway, à la base, c’était un album. Puis après mûre réflexion, on a décidé que l’album avait vraiment comme deux essences distinctes. Le volume 1 est plus électro dance. Vraiment comme dans les ténèbres, un peu plus dark dans le son. Versus, le volume 2, on s’est un petit peu plus laissé aller dans les émotions. On joue avec des styles plus RnB, pop etc. Puis aussi le fait de sortir un premier album, c’est vraiment une grosse chose pour nous. On s’est dit qu'on n'était peut-être pas prête à faire ce pas là donc on voulait plus prendre notre temps en coupant en deux albums.

Emma : Prendre le temps de développer notre audience aussi. Une audience qui sera capable d’écouter du début à la fin, un album de 15 chansons. Car on fait les choses avec un concept derrière, donc c’est sûr qu’on a envie quand on sort le projet, que les gens écoutent du début à la fin. Pas juste quelques chansons.

Charlie : On a fait les premières démos en 2019-2020 et je dirais que c’est vraiment nos premiers pas vers la production. Donc c’est un projet qui est super spécial dans lequel, on s’est aventuré. On a fait ce qui semblait bon pour nos oreilles. Après c’est sûr on a eu l’aide de quelques collaborateurs dont Jules, un ami proche à nous. Et aussi l’Homy Studio à Montréal, qui sont deux producteurs et artistes incroyables qui ont aidé à faire la co-réalisation une fois que toutes les maquettes étaient terminées. 

Emma : À la maison, on a un studio mais il nous manque quand même certains équipements plus analogues. Et en ce moment on ne peut pas se permettre de les avoir, donc avoir accès à un studio qui avait ses équipements là, ça nous a aidé à pousser le projet plus loin.

Emma : En ce moment, on va miser sur des sorties de single pour avoir la satisfaction de ne pas attendre trois ans pour ressortir quelque chose. Mais on aimerait vraiment pouvoir partir en tournée avec un autre groupe. Je pense qu'on n'est pas encore au stade d’être en headline dans des grosses salles. Et encore une fois on veut avoir de la bonne qualité donc je pense qu’on va peut-être miser plus sur faire des premières parties pour pouvoir se faire connaître plus. 

Charlie : Je crois qu’on a envie de faire en sorte que Mayfly devienne une entité, que ce ne soit pas juste de la musique. On a envie de produire de la musique pas juste pour nous, mais aussi pour d’autres artistes. Vraiment créer un univers aussi de live peut-être unique qui va changer les choses dans la manière dont l’aspect live a toujours fonctionné. On a envie de casser les barrières et faire en sorte que Mayfly soit une entité gérée par deux femmes. Que les gens quand ils nous regardent, ils soient en mode, « Ok elles sont vraiment autodidactes, elles savent tout faire ! ». 

Charlie : 100%, oui. Il n'y a pas assez de représentation des femmes dans la musique.

Emma : Pas assez de reconnaissance aussi je crois. Je pense qu’il y a beaucoup de femmes derrière beaucoup de rôles qui ne sont pas reconnus. 

Charlie : Il y en a qui ont peut-être peur de prendre leur place. Mais on a envie de montrer que justement, il ne faut pas avoir peur. Que l’on a autant de place que n’importe qui. On travaille avec 90% d’hommes et on leur montre qu’on a autant de choses sur les épaules qu’eux. On laisse personne venir empiéter notre liberté créative. 

Emma : Les bonnes personnes avec qui on travaille, elles nous respectent. On dit clairement notre vision, on met notre pied à terre et justement ça fait qu’on est respecté par le milieu. Je pense qu’on a envie d’inspirer les femmes de prendre en charge plusieurs aspects et de ne pas se dire, « Non lui, il sait plus que moi parce que c’est un homme ».

Charlie : Bien sûr !

Emma : Ça serait cool !

Charlie : On a eu une expérience justement avec un shooting photo où on était que des femmes. On était une dizaine de femmes, c'était incroyable. C’était pour l’aspect visuel mais côté musique c’est plus rare qu’on rentre en contact avec des femmes artistes. Mais c’est vraiment quelque chose qu’on a envie d’exploiter cette année dans nos collaborations. D’avoir plus de voix féminines sur nos tracks et créer dans un espace plus féminin. 

Emma : Après, ce n'est pas qu’on n'a plus envie de travailler avec les hommes. Mais je pense que c’est de travailler avec les hommes qui respectent que justement, oui, la femme peut autant produire qu’eux. 

Charlie : On a envie de faire quelque chose d’un peu plus beau et d’un peu plus unique. Que pour chaque chanson, l’intention soit placée pour qu’on se rappelle de cette expérience. Que ça ne soit pas juste un enchaînement de chansons et à la fin, « Bonne soirée tout le monde ! ». Et justement, une chose qu’on ne fait pas, ce sont des rappels. On est clair dès le départ, vous devez enjoyer le show à 100% jusqu’à la dernière chanson où on va vraiment tout donner. Mais on ne reviendra pas ensuite sur scène. Que tout le monde soit inclus dans le processus et ait sa place de donner son avis, même si oui, on décide créativement le show. Et surtout, on n’a pas envie de sassoir dans la loge et attendre que les gens fassent tout pour nous.

Emma : Ça respecte beaucoup notre vision aussi. On a envie d’être là pour être sûr que justement c’est bien représenté. Que les gens dans la salle ressentent exactement ce qu’on a envie qu’ils ressentent. 

Emma : Je vais parler pour moi mais je pense qu’on le partage. Ça serait de faire une tournée et chaque soir tu as une salle complète qui chante tes paroles.

Charlie : Je partage ce rêve-là. Et aussi construire l’entité dont je parlais plus tôt. Faire en sorte qu’on est notre propre label, qu’on soit à la tête d’autres artistes. Qu’on fasse en sorte de changer l’industrie. 


Crédit photo : Adrian Villagomez

Par Agathe Pichon

Dernière modification le 19/10/2023 à 19h08

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