Littérature

Nos joly recommandations littéraires de 2023

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Une nouvelle année s’est écoulée, durant laquelle Joly môme à découvert de nombreux chanteurs, festivals, pièces de théâtres, ballets, films ET… de chouettes livres. Alors pour terminer cette année de découvertes (mais aussi de relectures), voici les livres qui nous ont le plus marqué, celui qui nous ont parlé, ceux que nous n'arrivons encore pas totalement à fermer, et ceux auxquels nous pensons quand on entends “quel est le livre le plus marquant que tu as lu cette année ?” 


Romane GALOPIN nous conseille Les poètes sont des monstres de Christian Bobin.  

https://www.librairie-gallimard.com/livre/9782914577755-les-poetes-sont-des-monstres-christian-bobin/

Offert par ma tante pour mes 20 ans en mai dernier, ce mini-ouvrage qui rentre dans une poche et lu en une trentaine de minutes a bousculé en douceur beaucoup des mots qui m'ont construit. Bobin est un poète contemporain, mort il y a un an, que je n'avais jamais lu avant. C'est un poète de la vie, du quotidien, des idées, de la nature, la beauté, la vie, la douceur. J'aime écrire de la poésie, mais j'en lis finalement assez peu. Elle me fatigue souvent, par mon impression de son déracinement de la réalité. Les poètes aiment penser, mais parfois j'ai l'impression qu'ils ne voient pas, qu'ils ne regardent rien d'autre que le fin fond d'eux-mêmes. C'est hyper intéressant en un sens, mais ça ne me parle pas toujours. Bobin, il parle du vrai et j'adore ça. Il parle de la poésie que j'aime lire, et surtout de celle qui ne s'écoute pas, qui parle pour mieux regarder. C'est un ouvrage qui m'a fasciné, car en si peu de mots, il arrive à nous transmettre tant d'idées et une atmosphère unique. Je le relis souvent, et chaque fois je le ferme en me disant : "Ça, c'est un poète. Il mesure chaque mot, chaque virgule, tout a un sens, mais surtout les phrases sont simples et complexes, élaborées et lisibles. Rien n'est lourd. C'est comme ça que je veux écrire". C'est une poésie critique, anti-modernité dans son sens déshumanisant, c'est une poésie qui appelle au lieu, au mot, à la tendresse, à la vie dans son essence authentique, c'est une poésie qui n'écrit pas purement esthétique, qui écrit philosophique. Une poésie qui pense le réel. Ça m'a fait tellement de bien de le lire, puis de le relire, et de constamment l'avoir dans ma tête.

Ma citation préférée : "Nous sommes morts et c'est une bonne nouvelle parce que nous pouvons enfin renouer avec la vie, reprendre où le fil s'est cassé. A l'état de détresse répond l'état de poème. La réponse est entière. Le poème oppose un front de cristal à la vague noire. Il n'explose pas. Sa fragilité le rend invulnérable. Nous ne sommes pas seuls. Si le poème dit une vérité, c'est celle-là : nous ne sommes pas seuls."

Ethan GRIMAUD nous présente à son tour Kendrick Lamar, de Compton à la Maison Blanche de Nicolas Rogès.  

https://lemotetlereste.com/musiques/kendricklamar/

Pour ma part, je ne suis pas le lecteur le plus aguerri mais j'aimerai proposer un livre qui a tout de même marqué mon année 2023 bien qu'il date d'il y a quelques années maintenant : Kendrick Lamar, de Compton à la Maison Blanche par Nicolas Rogès. Il s'agit d'une biographie du rappeur américain Kendrick Lamar qui retrace tout son parcours de sa jeunesse dans le tristement réputé quartier de Compton à Los Angeles jusqu'à son ascension fulgurante dans le milieu de la musique, cette dernière qui lui aura, avec du recul, probablement sauvé la vie. Ce que j'ai particulièrement apprécié avec ce livre, c'est qu'on y raconte pas bêtement l'histoire d'un rappeur, mais un véritable témoignage de la culture américaine et de son contexte social et politique tourmenté, par la présence des gangs ou des figures politiques controversées. Kendrick Lamar est la fois le pur produit d'une société qui l'a façonné, mais est aussi le symbole d'une rébellion et de la possibilité pour chacun, notamment pour les afro-américains, de se libérer des chaînes et des barrières qui emprisonnent des millions de personnes dans une société capitaliste et raciste. Par son récit, Nicolas Rogès démontre parfaitement que nous n'avons pas seulement affaire à un rappeur mais à un véritable révolutionnaire de son époque qui, au contraire de beaucoup de personnes de son entourage lors de sa jeunesse, a choisi la musique et le rap plutôt que la violence pour exprimer ses revendications. 

Chloé BARLAUD nous propose alors de (re)découvrir “Tout le bleu du ciel” de Mélissa Da costa.  

https://www.livredepoche.com/livre/tout-le-bleu-du-ciel-9782253934103

Sans doute l'un des livres les plus lus de l'année 2022, est-il vraiment nécessaire de lire une énième critique sur ce roman ? Eh bien moi je dis oui. Parce que je l'ai lu un peu après tout le monde, et qu'il a changé beaucoup de choses en moi. 
J'ai lu ce livre un peu par hasard, j'en avais déjà entendu parlé, bien sûr, vu des publicités sur les bus de la ville ou sur les panneaux publicitaires de la gare, mais je passais à côté sans trop y faire attention. Puis un jour, alors que je chinais en brocante, je suis tombée dessus, 2€, pourquoi pas ? Je l'ai acheté, je l'ai ramené chez moi, posé sur ma bibliothèque et attendu le bon moment pour le lire. Puis le printemps est arrivé.

J'ai plongé dans ce livre avec quelques a priori, j'avais peur de ne pas suivre la tendance générale, de ne pas aimer, puis 800 pages, c'est long quand on n'a pas trop le temps. Mais cette lecture a résonné en moi par de nombreux aspects. Tout d'abord, contrairement à ce que laisse penser la quatrième de couverture, on est loin du pathos de l'histoire tragique qui s'annonce, c'est justement par un trop plein de vie et de rire que la réalité est affrontée, ça fait du bien. Ensuite, une bonne partie du voyage s'effectue dans les Pyrénées et près de la Méditerranée, exactement de là où je viens. Quel bonheur de découvrir des villes et villages que je connaissais à travers des personnages inconnus ! Et les personnages, parlons-en. Antithétiques à première vue mais qui finissent en une symbiose parfaite, j'avais l'impression d'être la troisième personne de ce voyage, l'impression d'être avec eux dans ce van et de partager avec eux tout ce qui leur arrivait. 

S'il y a bien une chose que vous devez retenir avant votre lecture, c'est que vous n'êtes certainement pas prêts pour ce que vous vous apprêtez à lire, et ayez le cœur bien accroché, vous n'en ressortirez pas indemnes. 

Jenna BOULMEDAÏS nous parle de Tout ce qui manque de Florent Oiseau

https://allary-editions.fr/products/en-librairie-le-17-aout-florent-oiseau-tout-ce-qui-manque

2023 a vu naître un roman cruel de vérité. De sincérité. Il en ressort de drôle que l'auteur lui-même déteste probablement cette phrase d'accroche : "2023 a vu naître". Parlant d'un roman qui a longtemps muri avant d'être recraché nonchalamment sur du papier. Quand la beauté n'existe que dans le vrai. Je parle du livre "Tout ce qui manque", de Florent Oiseau, publié aux éditions Allary. J'attendais avec impatience ce roman - ayant adoré les précédents - mais cela avant de connaître le sujet principal : l'acceptation du rien, voire du néant, suite à la perte de l'être aimée. On y rencontre un auteur qui quitte Paris pour vivre en campagne, chez ses parents. Un auteur qui se voit quitté. Qui part en quête d'un tout, d'une raison, de quelque chose qui n'existe peut-être pas, mais il cherche. On y découvre son enfance, on en apprend sur son lien familiale, sur son éducation. Et puis l'on entend parler d'Ana, encore et encore, qui ne quitte ni son cœur ni son esprit. 
"Ecrire un roman pour récupérer l'être aimé m'apparaissait aussi peu louable qu'un chantage au suicide, mais je ne savais rien faire d'autre, je ne pouvais opposer que ça."

J'ai aimé la simplicité des mots, la lenteur derrière le conte, le vrai derrière les ressentis. Tout est juste. Tout est beau, même ce qui fait mal. Le pari est, une fois de plus, réussi pour Florent Oiseau. Et je suis certaine que cette dernière phrase, aussi, lui piquera les yeux. 

Hugo PAGEL décrit à son tour un chouette roman : Ma tempête d'Eric Pessant

https://www.auxforgesdevulcain.fr/collections/fiction/ma-tempete/

David, metteur en scène, garde sa fille Miranda à la maison. Sa femme travaille et la crèche est fermée. Dans la matinée, il apprend que sa pièce de théâtre ne verra pas le jour, coupures budgétaires en cause. En pleine crise existentielle, il décide de raconter la pièce à sa fille. C’est donc en 5 actes, entre peluches et Playmobils, que l’on (re)découvre La Tempête de Shakespeare. Dehors l’orage devient tempête, et c’est à l’intérieur que l’on trouve refuge. « La culture pensée comme un divertissement sans importance et jamais comme une émancipation, comme une émotion, et surtout pas comme un effort »

C’est l’occasion pour l’écrivain et son lecteur de se livrer à une réflexion sur la place de l’artiste dans le monde actuel, défavorisant le nouveau, l’inconnu. Dans ce texte, Éric met en avant la valeur de la culture et son enseignement. Il est impératif de défendre la liberté d’expression et la diversité culturelle contre la pressions politico-économiques qui favorisent uniquement les demandes du public, risquant ainsi d’appauvrir la pensée.

"Nous sommes de l’étoffe
Dont les rêves sont faits, et notre vie
Infime est couronnée par un sommeil"
Shakespeare, La Tempête

Emma CLAIRENBEAUD met en avant La fille parfaite de Nathalie Azoulai.

https://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Folio/Folio/La-fille-parfaite

Quel livre, au diable, pourrais-je conseiller ? Quel est ce livre qui a marqué mon année ? En effleurant les dizaines de folio, exposés là, comme une véritable richesse, sur ces étagères trop neuves, je ne savais me décider. Il ne me reste plus que deux jours pour envoyer mon papier, je suis incapable de l’écrire. Et puis, une amie me demande de lui conseiller deux livres, je lui réponds plus que naturellement : L’envers et l’endroit, Albert Camus et puis La fille parfaite de Nathalie Azoulai. Camus étant un intemporel, restant l’élu de ma bibliothèque année aprés année, j’avais enfin ma réponse : La fille parfaite est le roman que je vous conseille. Je ne suis pas douée pour raconter les histoires des autres, encore moins lorsqu’elles sont déjà écrites, en revanche je peux vous assurer de ma sincèrité lorsque je vous dis : diable, ce que j’ai adoré. Peut-être devrais-je argumenter mon choix, seulement tout récit serait vain et s’échouerait déséspéremment sur un certain « bref, lisez-le ». Si ce n’est pour l’écriture de Nathalie Azoulai, pour cette conquête féminine, disons, d’une sphère intellectuelle exclusivement masculine, lisez-le pour l’intensité de la relation des deux amies. Intensité que je ne pourrais mieux vous décrire que ne l’a fait Azoulai, cela va de soi. De fait.. Bref, lisez-le.

Andrea Mary recommande très fortement le livre Charlotte de Dadid Foenkinos.

https://www.folio-lesite.fr/catalogue/charlotte/9782070469239

Si on me demandait ici de parler, de décrire et de conter l'histoire qui m'a le plus transportée, alors je devrais vous parler d'une oeuvre de Foenkinos. Mais laquelle choisir ? Un choix bien difficile. (Honnêtement, lisez-les tous, perdez-vous dans les rayons qui commencent par un F et trouvez-y Foenkinos.) Mais si vous avez besoin d'être guidée, alors voici. C'est l'histoire (réelle) de Charlotte Salomon, jeune peintre allemande, issue d'une famille juive qui se voit forcée de quitter l'allemagne et de se réfugier en France, sur la côte d'Azur. D'un autre côté, le double littéraire de David Foenkinos raconte également sa propre histoire, au travers de cette peintre de talent, effacée de l'Histoire. Alors c'est entre confidence et secrets, art et peintures, guerre, amour et déportation que nous nous trouvons, presque encerclés. Dépendants des mots et des pages. C'est un livre que je n'ai littéralement jamais pu fermer. J'aime sa forme artistique et poétique, la manière dont les phrases sont déposées sur le papier, lignes après lignes, j'aime ces retours à la ligne incéssants et ces vides qui disent beaucoup, j'aime la délicatesse existante et débordante (et promis, je ne parles pas du livre La délicatesse de David). Vous l'aurez compris (je l'espère) : lisez Foenkinos.

Maxime Dos Santos achève cet article en recommandant la bande dessinnée The nice house on the lake de James Tynion IV.

https://www.urban-comics.com/the-nice-house-on-the-lake-tome-1/

Je ne suis pas un grand lecteur de bande dessinée pourtant, cet été, en me promenant dans les rayonnages de ma librairie préférée, mon regard fut happé par une couverture sublime, très justement mise en avant par le libraire. L’âme aventureuse je me lançais donc dans la lecture de cette oeuvre sans me douter un instant qu’elle serait une de mes plus belles découvertes de l’année.

The nice house on the lake est un comics en deux tomes, publié en 2023 dans une très belle édition chez Urban Comics. Cette oeuvre dense nous plonge dans un huis-clos haletant et nous propose de suivre la vie d’un groupe d’individus invités dans une demeure paradisiaque par « Walter », leur ami en commun, tandis que la société s’effondre autour d’eux. Une fois l’album ouvert, il est impossible d’en décrocher tant l’envie de comprendre les tenants et les aboutissants de l’histoire se fait pressante. Le scénariste mène son récit d’une main de maître, ne distillant les clés de compréhension de son univers qu’au compte-gouttes à travers des dialogues jubilatoires. C’est un must have pour tous les amateurs de thriller noirs, qui flirte même par moment avec l’horreur. Très cinématographique dans sa mise en scène, cette BD trouve des échos dans le cinéma et résonne avec le travail de réalisateurs tels que Carpenter ou Fincher. Bref, c’est très, très, très bon. The nice house on the lake m’a surtout surpris par sa modernité, tant dans sa forme que dans son fond. L’oeuvre s’émancipe de toute forme de classicisme à la fois par son écriture et sa narration ainsi que par la diversité des personnages qu’elle met en scène et des thématiques qu’elle évoque organiquement dans son récit (quête de sens, dépression, transidentité…). Reste à parler de la forme, mais je pense que la couverture en dit assez par elle-même : c’est tout bonnement magnifique. Alvaro Martinez Bueno s’exprime via un dessin flamboyant, parfois même charbonneux dans ses tracés, et ne s’encombre pas de détails superflus. Au-delà d’être une oeuvre littéraire absolument merveilleuse, The nice house on the lake est aussi une oeuvre graphique impressionnante qui ravira les amateurs d’illustration. Finissons simplement et n’ayons pas peur des mots : c’est un chef d’oeuvre.

 

Nous vous souhaitons une jolie fin d'année et de belles futures lectures !
Merci et à très vite, en 2024.

Par La Rédac

Dernière modification le 02/01/2024 à 11h50

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